A propos du temple « Ryoan ji » de KYOTO

7 novembre

A propos du temple "Ryoan ji" de KYOTO

A propos du temple "Ryoan ji" de KYOTO, je dois faire amende honorable car je m’aperçois que, dans le billet précédent, j’ai été très injuste à son égard et je vous prie de m’en excuser.
 
Certes, chacun a droit d’exprimer son sentiment face à quelque chose, en l’occurence, un temple japonais, et c’est vrai qu’on ne peut arriver à penser comme un  Japonais en l’espace d’une petite semaine. C’est donc par référence à ma propre civilisation judéo-chrétienne que j’ai réagi et j’en suis maintenant consterné. Aussi, est-ce avec stupeur et tremblements (cf. Amélie NOTHON) que je me tourne vers l’Empereur AKIHITO pour le prier d’accepter mes très humbles excuses.
 
Lorsque je pars visiter un pays encore inconnu, je ne regarde jamais de guide; au cours du voyage, je ne prends jamais de notes et, lorsque je rédige un billet (le plus souvent la nuit), c’est sans faire de brouillon. J’écris ce que je pense comme cela revient à ma mémoire et, dans le cas du "Ryoan ji" je vous ai fait part, sans ménagements, de mon impression première sans rechercher au moins pourquoi ce temple est tellement prisé par les Japonais qui y viennent en masse pour méditer.
 
J’avais bien une documentation sur ce temple, mais qui ne m’a rien apporté car entièrement rédigée en japonais.
 
Alors, une fois de plus, je me sui tourné vers ce cher "Google" pour essayer d’en savoir plus et je vous livre le résultat de mes investigations à ce sujet :
 
 
"Situé au nord-ouest de KYOTO, le monastère Ryoan ji fut fondé en 1450. Sa particularité est de posséder l’un des plus fameux jardins de pierres de l’archipel nippon.
Jardin sec "Karesansui" dans un autre jardin, exemple d’organisation méthodique dans un monde chaotique, lieu d’interrogation sur l’homme et sur son rapport avec le monde réel, le Ryoan ji est, en bien des points, une métaphore du monde virtuel.
 
Composé de quinze pierres (qu’il est impossible de voir simultanément) disposées sur un terrain rectangulaire plat et sablé de 200 mètres carrés environ, ce jardin aride et austère se pose comme une énigme dans notre monde de certitudes technologiques.
 
Au XVIème siècle cependant le jardin était réputé pour son cerisier pleureur plus que pour son jardin de pierres. La mort du cerisier mit en valeur l’harmonie des massifs de pierres et dégagea son immuabilité. L’énigme était née.
 
Comment déchiffrer cette abstraction minérale ?
Le déchiffrage, comme l’écriture sino-japonaise, se fait probablement de la droite vers la gauche. Les trois groupes du fond comptent un total de sept pierres. Le sept symbolisant la totalité de l’espace et la totalité du temps, les nombres yang atteignent leur perfection à ce chiffre.
 
Le sept conduit au cinq, milieu des neuf premiers nombres, groupe le plus important d’où une ligne part en sens opposé vers la droite et se termine par les trois dernières pierres.
 
Le jardin, par conséquent, est régi par une ordonnance plastique et numérique, jardin yang puisque privilégiant l’impair (5+2=7; 3+2=5; 3) par contraste ave le pair, yin.
Le groupe de cinq pierres est celui que l’on voit d’abord : le cinq est symbole du centre et de l’axe de la terre. La ligne rythmique se développe ainsi : 5-2-3-2-3.
 
Certes, l’exégèse est difficile (c’est tout à fait mon avis !), voire tout à fait énigmatique … On pourrait aussi penser que le sable représente l’eau, les pierres des îles; îles d’une beauté surnaturelle qui confèrent à leurs habitants, fées ou ermites, immortalité et jeunesse éternelle.
 
On pourrait, plaisanterie zen, imaginer une éructation gigantesque de pierres du maître chinois Linji (XVème siècle).
 
Les interprétations concernant la disposition des pierres sont innombrables et chacun, au cours des siècles, a tenté de donner une explication.
Raisonnablement, on verra le jardin comme une forme d’art, un tableau abstrait ou, pourquoi pas, comme une farce des moines zen destinée à faire réfléchir leurs élèves.
 
A l’homme d’interpréter, à l’homme de se trouver dans l’énigme du Ryoan ji comme l’exprime si poétiquement Basho (1644 – 1694) :
 
"Je ne suis que blocs de pierre sur grain de sable. Je ne suis que pesanteur et silence, inertie et densité. Nul ne saura jamais mon secret ni même si j’en détiens un. Seul peut me pénétrer le cri strident de la cigale qui vrille le coeur de l’été. Contente-toi de goûter la beauté brute de ma chair opaque; regarde-moi sans mot dire et ne me demande rien; tais-toi et tente, à travers mon corps hermétique, de te trouver toi-même."
 
C’est certainement très beau, mais, ignare comme je suis, j’avoue ne pas avoir tout compris ! Mais combien d’années me faudrait-il pour en arriver à une telle sérénité ? Je pense sincèrement qu’il faut être Japonais pour y parvenir.
 
Je vous propose toutefois, une autre citation, plus simple, mais certainement plus accessible à nos pauvres cervelles occidentales :
 
"C’est seulement quand vous atteignez l’Eveil spirituel grâce à la méditation profonde du zen que vous pouvez voir avec votre esprit la dernière pierre, invisible pour l’oeil."
 
Vous aurez tous compris que, pour ma part, je n’ai pas vu cette dernière pierre, mais, maintenant que j’ai appris tout ça, je regrette de n’avoir vu, dans ces pierres, que de banales "crottes de chien" !
 
Que le pardon  qu’on voudra bien m’accorder soit à la hauteur de mon indignité !

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